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Et si la ruse en tant qu’art nous rapprochait de notre nature sauvage?

vikings norse mythology

Je l’avoue, la série Vikings me manque tant et si bien que je n’ai pas résisté à l’écoute de « Norse mythology » de Neil Gaiman afin de m’immerger dans la mythologie nordique. Entre tous les personnages, la personnalité de Loki m’a le plus intriguée. C’est le Dieu de la malice, de la discorde et des illusions. Il ne cesse d’employer maintes ruses pour duper les dieux et toutes les autres créatures fabuleuses. Toutefois, ses manigances le placent dans des situations douteuses et le conduisent à sa perte, à un supplice innommable. Alors la ruse, alliée ou ennemie dans la vie?

Parfois synonyme de solutions astucieuses, parfois plutôt sournoise, la ruse se déploie dans les domaines de la guerre, des sentiments, du business… Elle n’a de cesse d’envahir. Loki n’est pas unique, son homologue grecque pourrait être la déesse Mètis, première épouse de Zeus qui fut avaler par son propre époux. Elle incarne l’efficacité pratique, et non l’intelligence au sens  abstrait. Elle renvoie aux tactiques de guerre, aux tromperies et débrouillardises en tout genre.

Ce qui a retenu mon attention c’est le rapprochement entre Mètis et Loki à travers l’illusion. Je ne m’en suis pas aperçu de prime abord, leur habileté est justesse mais surtout, elle est masquée. On ne sait jamais sur quel pied danser avec Loki, les autres dieux étaient toujours perplexes face à ses interventions.

L’illusion est un thème passionnant qui alimente films, mythologies, contes et toute histoire. Cette vieille femme tendant une rose est en réalité une fée qui transformera le prince en bête sauvage. Matrix nous apprend que notre existence n’est que mensonge, Inception nous démontre qu’il existe plusieurs réalités s’emboîtant l’une dans l’autre.

Dans la vie quotidienne, nous nous déguisons. Il y a l’illusion de l’entretien d’embauche et de l’employé ou du patron modèle dont les savoir-faire à intérioriser sont traités inlassablement dans les articles spécialisés. Evidemment, nos apparences publiques contrôlées sont quasiment obligées et même organisées par la société. Mais, il n’est pas question de traiter de cette ruse qui se rapproche de la fourberie dans l’esprit commun et qui ferait de l’Homme un hypocrite. Alors, la ruse serait circonscrite à son champ social qui exclut la matérialité brute de l’intelligence. Il serait dérisoire de se demander s’il est bien ou mal de ruser en société.

Je préfère insister sur la ruse en tant qu’art qui valorise une faculté mentale de construction et de réflexion car l’Homme se vit dans un environnement contraignant et s’appréhende vis-à-vis de sa propre nature qui peut être oppressante. La ruse est alors survie. Une politique de la ruse qui arme et désarme se construit de facto. La fin ne justifie peut-être pas tous les moyens mais l’humain se justifie à lui-même. Il se reconnait dans un processus permanent et long auquel il participe grâce à sa créativité devant l’inconnu.

Mettre en exergue la ruse revient à réhabiliter une intelligence brute et pratique presque sauvage qui réconcilie l’Homme à la nature et le réinscrit dans le temps long de l’évolution. Pourquoi est-il pertinent de parler de Métis ou Loki dans la vie ordinaire loin des mythes? Parce qu’ils nous rappellent que la réalité et l’illusion ne sont pas vraiment opposées mais plutôt interagissent à travers une certaine géométrie de nos actions. L’Homme est un corps mathématiques dont l’esprit conjecture sur des bases réelles et fantasmées.

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