En reposant l’ouvrage « Histoire intellectuelle de l’Europe du XIXème au XXème siècle écrit par François Chaubet, encore plongée dans mes réflexions, je suis tombée sur la vidéo de David Guiraud sur Twitter qui explique à un expert BFMTV que la citation imputée à Winston Churchill est en réalité le fruit de la propagande nazie orchestrée par Joseph Goebbels.
🥶 Coup de froid en plateau 🥶
Un "expert" qui défend "l'ensauvagement de la société" sort une citation de Churchill sur les statistiques pour appuyer son propos
Énorme gêne : Ce serait une phrase inventée par la propagande nazie. Qu'il révise ses chiffres ET ses citations ! 😂 pic.twitter.com/XZaRI6sjlg
— David Guiraud (@GuiraudInd) September 2, 2020
L’ouvrage explique comment les intellectuels se sont mis, petit à petit, y compris dans les sciences dures, au service d’idées politiques. Finalement, la rumeur nazie désireuse de discréditer Churchill au sujet des statistiques n’est toujours pas mise à mal en 2020. Elle est encore réutilisée par des dits experts. On en perçoit alors toute la puissance et l’influence.
Les intellectuels ont ainsi occupé un plan central renforcé par le contexte clivant du XXème siècle. Ce qui leur est particulier est leur capacité à personnaliser une époque et incarner des valeurs. Ils véhiculent ce que l’air du temps insuffle mais n’est pas encore mis en mots.
La plume se démène au combat. Les années 30 signent l’effervescence de l’écrit qui circule: « la guerre de l’imprimé bat alors son plein ». La circulation du fascisme intellectuel se propage via des écrits à travers l’Europe. Par exemple, la biographie de Mussolini publiée en 1926 par Margherita Sarfatti sera traduite en 30 idiomes.
Par la suite, autre exemple, le Komintern, durant la guerre froide, entama un élan littéraire massif en participant à la création et au développement de nombreuses maisons d’édition.
Si l’implication des sciences dures dans l’effort de guerre était déjà une donnée allant de soi, notamment avec la physique (repérage de batteries par le son, détection sous-marine, cartographie), le rôle de la littérature était plus approximatif. L’ouvrage « Histoire intellectuelle de l’Europe XIXème-XXème siècle démontre avec justesse les exigences et la responsabilité de ces intellectuels. Je conseille cette lecture dans l’optique d’avoir une base de la construction intellectuelle de l’Europe et des imbrications entre politiques, échanges initiatiques, convergences et découverte des savoirs.
Je conclue cette présentation par une page qui m’a particulièrement plu!