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« Famille parfaite », le beau est-il forcément le bien?

famille parfaite Lisa Gardner

Le livre « Famille parfaite » écrit par Lisa Gardner me narguait depuis un moment dans ma bibliothèque, parce que j’avais envie de quelque chose de simple mais prenant, j’ai sauté le pas. Et je n’ai pas été déçue, le suspens est là, les personnages jouent leur rôle, chacun tous mystérieux à leur façon. Entourloupes financières, tromperies amoureuses et secrets bien gardés maintiennent un bon rythme de récit.

Mais ce qui a retenu mon attention, c’est le paradoxe entre la demeure haut de gamme dernier cri offrant confort et devant protéger ses habitants par un système de sécurité ultra perfectionné et le kidnapping de la famille mais aussi la noirceur des secrets de chacun. Pourquoi la présentation idyllique de la maison et de la vie de famille – qui fait écho au titre d’ailleurs- renforce les découvertes obscures successives ? Il y a un tel contraste entre ce que devrait être une vie de famille dans une maison recouverte de marbre, dont l’îlot de cuisine à lui seul ferait trembler de plaisir les adeptes de décoration voluptueuse, et les trouvailles obscures et entortillées dans le récit que le kidnapping est d’autant plus dramatique et amplifié.

Inconsciemment, on imagine que ce qui est beau renferme du beau. Alors, cette magnifique villa dans l’un des plus beaux quartiers des Etats-Unis se pare de nouvelles couleurs. Ce beau n’est plus l’apanage d’une « famille parfaite » mais il devient glaçant parce qu’il est tellement parfait qu’il ne peut être vrai, que nous ne pouvons nous fier à son extérieur.

J’ai aimé ce livre parce qu’il nous rappelle à quel point il est bon de bousculer notre instinct. L’écrin d’un foyer ne révèle pas ses secrets de facto. Il faut creuser, il faut lire entre les murs, ouvrir les portes. Comprendre que l’harmonie induite par le choix des matériaux et la pureté des lignes architecturales n’est peut-être que jouée, et même surjouée. Si au début, on a envie de vivre dans ce décor de film, plus on s’enfonce dans le roman, plus on préfère notre modeste intérieur, plus authentique, moins extravagant.

En somme, ce livre joue sur nos clichés et manipule notre aspiration au bien dans le beau. Et là, je me demande si nous ne devrions pas devenir platoniciens parce qu’implicitement, nous lions le beau au vrai et au bien, nous concluons que ce beau nous conduira vers un idéal. On aurait dû prêter davantage attention à l’ombre que reflétait cette somptueuse maison sur le sol, une ombre austère et banale, pas plus esthétique que ne l’est une autre maison. Alors, on aurait compris que cette « caverne » n’est pas plus idéale que n’importe quelle allégorie. Nos sens nous trompent et nous devons nous en méfier.

Il n’y a pas de surprise à travers ce dénouement mais l’affirmation qu’un cadre ne dévoile rien du tableau, peut-être une ambiance, une vision mais seule l’oeuvre donne le ton. Alors faisons davantage attention aux ombres !

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