lacomposition
Plongée depuis plusieurs jours dans un projet littéraire pour un nouveau client qui souhaite être aidé pour démarrer un roman fantastique ancré dans le Moyen-âge, j’ai été stupéfaite face à sa créativité. Il cherche à conjuguer des thématiques inspirées de ses jeux vidéo d’enfance avec une problématique politique et diplomatique. Cette effusion et pluralité des idées m’a questionnée sur nos sources d’inspiration et leur cheminement. Comment enclencher le déclic ? Comment entretenir notre processus et réflexions créatifs ?
Peu importe la profession exercée, chacun requiert de l’imagination et de l’INSPIRATION. Que ce soit pour gérer une équipe, travailler sur un projet innovant, et même à la maison avec ses enfants, nous devons être inspirés et puiser dans notre originalité pour faire la différence. On cherche l’inspiration, on l’expérimente, on la questionne, on la touche du doigt. Nombre d’articles expliquent comment la susciter : faire des listes de mots qui s’entre-connectent, changer d’endroits afin de faire de nouvelles expériences et casser la routine, discuter avec des personnes aux profils variés etc. Toutefois, ce ne sont que des outils et des cadres qui vous placent dans des conditions propices mais manquent souvent à vous conduire au bout de vos recherches et de vos attentes.
L’inspiration est certes une compétence innée pour chacun dans des mesures qui nous sont singulières mais elle s’aiguise et se travaille tout au long de notre vie, chaque jour, lors de chacune de nos activités même triviales. La créativité n’est pas un assemblage d’idées farfelues mises bout à bout pour donner un résultat folklore. Elle ne tombe pas non plus du ciel. Elle est obtenue à force de travail, de lectures et surtout d’exercer son cerveau à connecter nos découvertes et sorties culturelles, économiques, politiques et sociales et observer chaque détail de notre quotidien.
L’inspiration naît de notre éveil à la moindre broutille qui se connecte à nos préoccupations et des scènes, des récits, des émotions qui se mettent en perspective avec nos propres process.
La semaine dernière, j’évoquais notre jugement de goût face à l’expérience esthétique à la suite de l’écoute de l’œuvre d’Oscar Wilde « Le portrait de Dorian Gray ». La lecture d’un livre, assister à un spectacle, sortir d’une réunion de famille sont autant d’arguments à solliciter pour ses propres projets. Les personnages d’une œuvre font émerger une morale, des défauts, une ligne de conduite que nous pouvons questionner, analyser et voire pourquoi pas transposer à nos propres relations dans notre équipe, au sein de notre famille. Il n’est pas question de dire si les personnages sont bons ou mauvais mais en quoi ils percutent nos présupposés. Quelle vision de la vie, du beau par exemple, des liens sociaux ont-ils ? Comment cela diffère-t-il des nôtres ?
Un autre exemple, regarder un match n’est pas anodin. C’est l’agrégation d’un esprit d’équipe, d’une coalition de forces et faiblesses individuelles pour un but commun, d’une communication soignée avec le coach, c’est l’humain et l’imprévisible avant tout. Se détendre devant la télévision ne signifie pas oublier de penser. Un match est l’occasion d’analyser les prises de position de chacun, les manquements, les egos, et de les transposer à nos propres relations voire notre équipe de travail. Quel que soit notre rôle dans un collectif, on se remet constamment en question. A qui pourrais-je m’identifier ? Quelles seraient mes erreurs sur un terrain de foot comme dans ma vie professionnelle ? Comment m’améliorer ?
On ne crée pas une idée qui nous « tombe dessus », on la fait mûrir, on la structure et pour cela nous devons en premier lieu nous inspirer de ce que nous vivons. Le culturel, notre patrimoine et nos facultés psychiques sont essentiels à cela. Pourquoi tel personnage a-t-il échoué ? Pourquoi je me sens relié/e à cette situation ? Comment investirais-je la scène si cette problématique m’avait été donnée ?
Régulièrement, je partagerai des mises en perspective d’ouvrages, de sorties culturelles ou autres à relier avec nos projets professionnels. Vous êtes vos propres moteurs de créativité. Et certes si des lieux, des habitudes peuvent davantage vous mettre en condition, vous avez en vous toutes les clés pour créer une condition permanente de création. Interrogez-vous constamment sur l’acquis, le sens commun et vos facultés d’observation et d’analyse décupleront vos aptitudes de créativité.
